Association centrée sur la santé cardiovasculaire de la gente féminine, Agir pour le Cœur des Femmes vient de publier la première partie de son Observatoire national de la Santé des Femmes. Dans son édition 2023, cet observatoire offre un point de vue unique sur la santé cardiovasculaire, mais aussi gynécologique des femmes en France, basé sur l’analyse des données médicales de 4 300 femmes âgées de 54 ans en moyenne. Principal constat de l’analyse : le risque cardiovasculaire est réel, il n’est pas suffisamment pris en charge et toutes les femmes sont concernées, toutes catégories socio-économiques confondues. Décryptage !

Le risque cardiovasculaire, pas forcément corrélé au niveau de précarité

Partenaire entre autres d’Axa Prévention, de la Fondation ORPEA et de la Fondation Marc Ladreit de Lacharrière, Agir pour le Cœur des Femmes a récemment publié la première partie de l’Observatoire national de la Santé des Femmes. On en retient principalement que le risque cardiovasculaire concerne toutes les femmes, quel que soit leur niveau économique ou social.

Utilisant pour la première fois le score Epices de l’Assurance Maladie, l’association s’est appuyé sur des critères objectifs pour mesurer le degré de précarité des femmes. Il en ressort que 56 % de celles dépistées étaient en situation précaire (score Epices simplifié >= 4). Dès lors, l’association conclut que le niveau de précarité n’a pas grande influence sur le risque cardiovasculaire, contrairement à ce que l’on pensait jusqu’ici. D’autant plus que la majorité des femmes appartenant à des classes socioprofessionnelles dites aisées ne font pas plus de bilan cardiovasculaire. En outre, malgré la prédominance de l’obésité et du tabagisme chez les femmes en situation de précarité, il y a peu de différences notables en matière de stress, d’hypertension artérielle, de sédentarité, de dépression…

Insuffisance de la prise en charge du risque cardiovasculaire

Nous vous le disions, le risque cardiovasculaire est bien réel. La preuve en chiffres :

  • 90 % des femmes analysées ont au moins 2 facteurs de risque cardiovasculaire ;
  • 50 % d’entre elles cumulent au moins 2 facteurs de risque gynéco-obstétrical ;
  • 51 % des 3 878 de femmes qui cumulent au moins 2 facteurs de risque cardiovasculaire ont également au moins 2 facteurs de risque gynéco-obstétrical ;
  • 79 % des femmes n’ont pas de suivi cardiovasculaire et 37 % n’ont pas de suivi gynécologique.

Par ailleurs, l’Observatoire montre que seule 10 % de la population dépistée est à très faible risque cardiovasculaire et gynéco-obstétrical. Aussi, lorsqu’une femme a 2 facteurs de risque gynécologique, il y a de grandes chances qu’elle ait au moins 2 facteurs de risque cardiovasculaire.

Sous diagnostic et traitement insuffisant de l’hypertension artérielle

Au cours du dépistage, on observe que 39 % des femmes présentent une tension artérielle élevée, dépassant les 140/90, dont une fraction affiche des chiffres particulièrement élevés, supérieurs à 160. De plus, parmi les femmes qui se déclarent hypertendues lors de l’entretien initial, un tiers (soit 32 %) sont sous traitement pour cette condition. Cependant, la situation reste préoccupante : presque deux femmes sur trois (soit 62 %) qui suivent un traitement conservent une tension artérielle élevée, avec des chiffres dépassant 140/90 lors du dépistage.