Pensées pour réduire les émissions de polluants dus au trafic routier à coup de restrictions de circulation, les zones à faibles émissions (ZFE) ont des bénéfices (prouvés) pour la santé ! C’est en tout cas ce que confirment plusieurs études concordantes, dont celle menée par l’Observatoire régional de la santé d’Île-de-France (ORS), largement centrée sur les enfants, les premières victimes de la pollution de l’air. Quels sont donc les bénéfices sanitaires que l’on est (légitimement) en droit d’attendre d’une zone à faibles émissions (ZFE) ? La réponse dans cette évaluation quantitative d’impact sanitaire prospective pour l’agglomération parisienne !

ZFE, un engagement européen pour un avenir « respirable »

Les zones à faibles émissions, une initiative visant à restreindre le trafic routier et à réduire ainsi les émissions de polluants, s’inscrivent dans une démarche globale de prise de conscience environnementale. A travers le continent européen, ce sont des centaines de métropoles qui ont adopté la stratégie. Objectif annoncé : offrir à leurs citoyens un air plus pur et un environnement urbain plus sain.

La Ville Lumière n’a pas tardé à leur emboîter le pas et à rejoindre ce mouvement en marche. Dès septembre 2015, Paris s’est en effet lancée dans l’instauration progressive d’une ZFE, prenant position en faveur d’une mobilité plus responsable. Mais au-delà de l’initiative elle-même, c’est le partenariat avec Airparif et Santé publique France qui retient particulièrement l’attention… Ensemble, ces entités, en coordination avec l’ORS Île-de-France, ont entrepris une évaluation minutieuse des retombées sanitaires potentielles de la ZFE parisienne et métropolitaine.

La méthode de l’étude ? Eh bien elle repose sur une approche ultra précise de l’exposition de la population, distinguant enfants et adultes, et mettant en lumière l’impact concret des ZFE sur les enjeux sanitaires clés. Des décès évitables chez les personnes de plus de 30 ans aux nouveaux cas de maladies cardiovasculaires chez les adultes, en passant par l’asthme chez les enfants (notre article expliquant comment réagir en cas de crise d’asthme pourrait vous intéresser), cette évaluation révèle les avantages tangibles des zones à faibles émissions, sans oublier l’examen des incidences sur le recours aux soins liés à ces affections. On fait le point !

La ZFE, un gage palpable d’une santé publique améliorée

Evoquer les ZFE renvoie souvent à une meilleure qualité d’air, à des rues moins encombrées et à des villes plus vertes. Mais quel est réellement l’impact de ces zones à faibles émissions sur la santé publique ? Pour répondre à cette question, penchons-nous sur l’étude menée par l’ORS Île-de-France…

D’emblée, l’étude en question souligne, non sans optimisme, que la mise en œuvre du dispositif ZFE à Paris aurait des retombées positives sur la santé, quel que soit le scénario envisagé, et les chiffres sont assez éloquents à cet égard :

  • Sur le plan de la mortalité, on estime entre 110 et 340 vies sauvées grâce à la mise en place de la ZFE ;
  • Concernant les pathologies chroniques, on note une réduction des naissances de faibles poids (50 à 170 cas évités), une diminution des cas de cardiopathie ischémique (40 à 130 cas évités) et une nette baisse des cas d’asthme (entre 830 et 2 930 cas évités) ;
  • Les chiffres illustrent également une régression de l’exacerbation des symptômes de ces maladies, avec 140 à 410 hospitalisations évitées pour cardiopathie ischémique et 190 à 700 passages aux urgences évités pour crises d’asthme ;
  • Dans le scénario le plus optimal, une baisse des niveaux de NO2 à la valeur recommandée par l’OMS (20 µg/m3) pourrait entraîner une réduction d’environ 5% des décès évitables.

Plus intéressant encore, la même étude révèle que les populations vivant en dehors de la ZFE profiteraient également de ces bienfaits sanitaires, une preuve supplémentaire de l’interconnectivité de notre environnement !

Des résultats directement proportionnels aux mesures restrictives

Nous vous le disions, l’étude prospective menée par l’ORS Île-de-France s’est surtout intéressée aux premières victimes de la pollution de l’air, à savoir les enfants, en se focalisant sur les conséquences directes des niveaux de restrictions mis en place. Les conclusions de l’étude à ce niveau sont sans appel :

  • Chaque année, entre 50 et 170 naissances de faible poids (sur un total de 3 850) pourraient être évitées à l’échelle parisienne ;
  • L’impact sur l’asthme est également significatif, avec une réduction potentielle de 830 à 2 930 cas sur les 100 000 cas annuellement déclarés.

En outre, la même étude estime qu’entre 190 et 700 épisodes d’urgences pour crises d’asthme pourraient aussi être évités, indépendamment du scénario de ZFE adopté. Cela dit, il est clair que plus les mesures restrictives sont sévères et étendues, plus les bienfaits sont amplifiés. Par exemple, l’effet serait différent si la restriction était limitée aux vieux modèles diesel à Paris, ou si elle s’étendait jusqu’à l’autoroute A86 englobant d’autres types de véhicules polluants.

Ces bénéfices sont anticipés indépendamment du scénario de ZFE adopté. Cependant, il est clair que plus les mesures restrictives sont sévères et étendues, plus les bienfaits sont amplifiés. Bonne nouvelle, certains acteurs réfléchissent d’ores et déjà à diminuer les pollutions en intégrant les ZFE dans leur stratégie comme l’explique Mr Layani. Pour les mesures plus restrictives, l’effet serait différent si la restriction était limitée aux vieux modèles diesel à Paris ou si elle s’étendait jusqu’à l’autoroute A86 englobant d’autres types de véhicules polluants. Seulement voilà, malgré les avantages évidents, la mise en place de restrictions plus strictes a été retardée… C’est notamment le cas de l’interdiction des véhicules classés Crit’Air 3, qui concerne près de 1,4 million de véhicules en Île-de-France, et qui a été reportée d’un an, mettant en péril l’ambitieux objectif parisien d’éliminer le diesel d’ici les Jeux olympiques de 2024.

ZFE = baisse des maladies cardiovasculaires

Corroborant les résultats obtenus par l’ORS Île-de-France, une récente étude menée par l’Imperial College London et publiée dans le prestigieux journal The Lancet Public Health a mis en lumière l’impact des ZFE et des zones de péages urbains (CCZ) dans plusieurs villes du Royaume-Uni, d’Europe et d’Asie.

Révélation phare : un déclin notable des maladies cardiovasculaires à la suite de la mise en œuvre des ZFE dans plusieurs métropoles, et une diminution des accidents routiers grâce à l’introduction des péages urbains. Chercheuse à l’Imperial College London, Rosemary Chamberlain insiste sur l’impact positif notable à court terme des ZFE, surtout concernant les maladies cardiovasculaires : « Nous avons trouvé des preuves de bénéfices pour la santé à court terme, en particulier en ce qui concerne les maladies cardiovasculaires et les traumatismes dus aux accidents de la route », conforme-t-elle.

Ce que ça donne en chiffres ? Eh bien l’étude révèle une baisse de 4,6 % des cas d’hypertension artérielle en Allemagne, tandis qu’au Japon, on note une diminution de plus de 11 % des décès dus à des maladies cardiovasculaires. Ces résultats sont indéniablement positifs, mais il faut garder à l’esprit que compte tenu du nombre relativement limité d’études analysées, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer l’effet à long terme des ZFE sur la santé globale de la population.