L’urologie représente une branche de la médecine qui traite les affections des voies urinaires. Intrinsèquement liée à la chirurgie, cette spécialité s’applique ainsi aux voies urinaires des hommes et des femmes, aux reins, aux glandes surrénales ainsi qu’au système reproducteur ou urogénital de l’homme. L’urologie trouve son origine dans l’Antiquité gréco-romaine et a connu de nombreuses évolutions au fil des siècles.

Les caractéristiques de l’urologie

Avant toute chose, il convient de rappeler ce qu’est l’urologie. Cette spécialité médico-chirurgicale, dont le nom vient du grec ancien « οὖρον oûron » (qui signifie « urine » ou « liquide séminal »), s’occupe de l’appareil urinaire des femmes et des hommes ainsi que de l’appareil génital de l’homme au niveau du pénis, des testicules et de la prostate.

Le spécialiste, appelé urologue, intervient au niveau de diverses pathologies, comme notamment :

  • l’incontinence ou la rétention urinaire ;
  • les cancers de l’appareil urinaire, de la prostate ou des testicules ;
  • les coliques néphrétiques ;
  • diverses infections ;
  • des lésions ou des malformations ;
  • l’infertilité masculine ;
  • les troubles d’érection et d’éjaculation
  • etc.

Les évolutions de l’urologie au fil des siècles

L’urologie est une médecine connue depuis des millénaires. Des textes nous ont en effet laissé des témoignages sur cette pratique au sein des plus grandes civilisations de l’Antiquité. Les premières descriptions remonteraient ainsi à plus de 4 000 ans avant notre ère !

#1 Les prémices de l’urologie au cours de l’Antiquité jusqu’au 18e siècle

Il faut savoir qu’à l’époque de l’Antiquité, et ce, jusqu’au 18e siècle, l’urologie était l’apanage des… chirurgiens-barbiers ! Ces derniers intervenaient alors comme ils le pouvaient pour essayer de soulager leurs patients de maux comme les calculs bloquant la vessie ou l’uretère ainsi que la gravelle. Ils pratiquaient des interventions de chirurgie de la pierre mais celle-ci était souvent suivie de complications, comme la septicémie, avec un taux de mortalité élevé.

Au cours du 12e siècle, Gilles de Corbeil, un chanoine de Paris et premier médecin du roi Philippe Auguste, écrit en latin le tout premier document français portant sur l’urologie : « Carmina de urinarum judiciis » (ou « Poème des urines »). Il met en lumière dans son ouvrage l’importance capitale des examens d’urine.

La discipline se développe et au 14e siècle Guy de Chauliac, le père fondateur de la chirurgie en France, rédige en 1343 un « inventorium sive collectorium partes chirurgicalis medicinae » qui place l’urologie dans les affections chirurgicales. Il va publier d’autres ouvrages précieux à l’image de « chirurgia magna », ou « guidon de la pratique en chirurgie », qui sera une véritable référence pour les étudiants en chirurgie jusqu’au 18e siècle.

C’est ensuite Ambroise Paré qui va marquer le domaine de l’urologie. Il va en effet publier au cours du 16e siècle de nombreux livres, dont trois vont porter sur cette spécialité : le livre VIII (sur les chaudes-pisses), le livre IX (sur les pierres) et le livre X (sur la rétention d’urine). Il va également publier un XVIIIe livre proposant une approche de la sexologie.

Autre grande figure de l’urologie : François Auguste Chopart va proposer au 18e siècle un traité sur les maladies des voies urinaires dans lequel il fait mention de multiples observations cliniques particulièrement détaillées. Il va par ailleurs collaborer avec Pierre-Joseph Desault et John Hunter, tous deux également médecins, pour développer les connaissances de l’appareil urinaire.

#2  Le 19e siècle : le perfectionnement de l’urologie

Le 19e siècle est la période qui a accueilli le père fondateur de l’urologie moderne, à savoir Jean Casimir Guyon.

C’est au cours de ce siècle que les connaissances en physiologie et en anatomie ont connu un fulgurant essor. C’est également à cette période que les mesures antiseptiques ainsi que l’anesthésie ont connu leur avènement. Ce contexte a permis à l’urologie de fortement se développer. L’apparition de nouveaux instruments a notamment rendu possible l’exploration de la vessie ou encore la fragmentation de calculs.

Au début du 20e siècle, l’urologie est devenue une spécialité distincte de la chirurgie en France ainsi qu’aux Etats-Unis. On assiste alors à de nouvelles interventions considérées comme majeures, comme la prostatectomie (l’ablation de la prostate) ou la néphrectomie (l’ablation du rein) dans le cadre d’une chirurgie de l’adénome de la prostate ou encore par le biais périnéal pour le cancer de la prostate.

Il est également important de citer Joaquín Maria Albarrán, un urologue qui a reçu le prix Nobel de médecine et qui a largement contribué à l’évolution de cette spécialité.

#3 Le 20e siècle, le siècle des innovations

Loin de stagner sur ses acquis, l’urologie poursuit au cours du 20e siècle son formidable essor. En effet, cette période est marquée par une plus grande qualité des systèmes optiques, par l’émergence de l’instrumentation, notamment au niveau de la voie endoscopique, et par le développement des techniques d’imagerie par ultrasons.

L’urologie a ainsi pu à nouveau se réinventer grâce à ces outils, essentiellement dans la chirurgie minimale invasive. On peut à ce titre évoquer l’apparition en 1982 du lithotripteur extracorporel qui permet de fragmenter les calculs à distance, une vraie révolution ! L’assistance chirurgicale robotisée ainsi que les systèmes de laparoscopie, considérée comme une technique chirurgicale mini-invasive, comptent également parmi les innovations majeures de l’urologie.

C’est au cours du 20e siècle que sont apparus les premiers services de chirurgie axés sur l’urologie dans les plus grandes villes de France. Cette spécialité est alors désormais reconnue et ne cesse de croître : en 1925, on comptait seulement 40 urologues en France, puis 150 en 1950, moins de 400 en 1975 et plus de 1 000 à la fin du siècle. Georges Gayet, Victor Carlier, Emile Jeanbrau ou encore Pierre Fabre étaient parmi les urologues les plus réputés.

#4 L’urologie de nos jours

De nombreux urologues continuent à s’illustrer et à contribuer à l’évolution de l’urologie, à l’image de Jean Pierre Giolitto.

L’urologie a ainsi continué à poursuivre son développement jusqu’à exceller dans :

  • la transplantation rénale (pour laquelle la France est d’ailleurs considérée comme pionnière) ;
  • la chirurgie réparatrice et restauratrice de la voie excrétrice urinaire ;
  • la chirurgie endoscopique strictement urologique ;
  • la prise en charge de la cancérologie urologique ;
  • la neuro-urologie.