Le fluor est une matière dont l’usage est sujet à quelques controverses. En effet, si pour certains dentistes cette composante est importante pour protéger contre la carie, pour d’autres il peut altérer la formation de l’émail des dents. Richard Lejoyeux nous donne quelques éclaircissements à ce sujet.

Le fluor : un allié de taille quand il est bien prescrit

Interrogée à ce sujet, le chirurgien-dentiste pédiatrique et conférencière à l’université Paris 7, Chantal Naulin-lfi a déclaré : «Le fluor est un ami pour les dents à partir du moment où, comme tout médicament, il est bien prescrit». Pour elle, il est même très important que les enfants à faible risque carieux se brossent les dents deux à trois fois par jour avec un dentifrice comprenant une dose de fluor adaptée.

Cette conclusion est tirée essentiellement d’études selon lesquelles le fluor peut s’intégrer de manière superficielle sur l’émail dentaire afin d’en augmenter la résistance contre tout type d’attaques acides.

Une autre enquête datant de 2004 confirme également que l’effet local du fluor est bien plus imposant que le fluor par voie systémique. Mme Naulin-Ifi précise à ce propos : «le fluor par voie locale est davantage efficace sur les dents qui viennent de sortir car leur émail non mature est très malléable. Dans les deux ans qui suivent, la dent est plus sujette aux caries mais aussi plus susceptible d’intégrer le fluor».

Dans ce même registre, il faut savoir que pour les enfants à haut risque carieux, certains dentistes conseillent la supplémentation de fluor par gouttes ou comprimés. Mais avant, il faut effectuer un bilan des apports fluorés.

Ne pas dépasser la dose bénéfique

En 2003, une enquête fut menée par l’épidémiologiste en santé publique Anne-Marie Musset. Cinq ans plus tard, les résultats de cette étude furent publiés. Nous apprenons ainsi que chez les enfants âgés d’entre 4 à 12 ans, plus de 40% des dentistes recommandent l’utilisation de gouttes de fluor sans pour autant effectuer un bilan au préalable sur les apports fluorés. Cette mauvaise habitude a perduré jusqu’à ce que l’Afssaps (ex Agence du médicament) dresse un consensus sur les bonnes pratiques autour du fluor.

Depuis, les choses se sont nettement améliorées comme le confirme le Dr Naulin-Ifi, qui a indiqué : «Depuis trois ans, je ne vois plus de prescription systématique de supplémentation en fluor».

Pour elle, le bilan préalable sur l’apport de fluor est très important, dans la mesure où il fournit des informations sensibles comme le degré de concentration du fluor dans le dentifrice utilisé par l’enfant. Certaines matières comme l’eau en bouteille peuvent elles aussi contenir une composition de fluor beaucoup trop importante.

Conclusion

Le fluor est une matière bénéfique pour l’émail des dents et la prévention contre la carie, si toutefois elle est utilisée de manière modérée. Dans le cas d’une surconsommation de fluor, un effet néfaste sur la santé buccale peut être constaté, avec notamment un affaiblissement de l’émail dentaire sur le long terme.