Le vin, vous connaissez. D’ailleurs, les bienfaits du vin ont été loués depuis des âges immémoriaux comme en atteste Jean-Jacques Perrut dans son livre sur la Bible et le vin. Mais avez-vous entendu parler du resvératrol ? Rien n’est moins sûr… Ce polyphénol, présent notamment dans les raisins rouges et donc le vin, ne cesse d’attiser la curiosité quant à ses propriétés et potentielles vertus. Qu’en est-il réellement ? Ce principe actif est-il si miraculeux ? Le point en détail dans cet article.
Qu’est-ce que le resvératrol ?
Le resvératrol, qui fait partie de la classe des stilbènes, est naturellement présent dans les raisins rouges et dans le chocolat.
Il a été découvert pour la première fois par une équipe de chercheurs japonais, dont Michio Takaoka, en 1939. A cette occasion, il a été extrait du vératre blanc (Veratrum album L. var grandiflorum), une plante qui pousse essentiellement dans les prairies montagneuse. Il a ensuite été identifié dans une autre plante (Fallopia japonica) au cours des années 60.
Mais c’est en Europe que le resvératrol a ensuite réellement fait parler de lui. En effet, des chercheurs britanniques se sont penchés sur ce principe actif dans les années 60-70. Ces derniers sont partis d’un constat, à savoir que leurs voisins Français présentaient moins de maladies cardiovasculaires malgré une gastronomie pourtant nettement plus riche en graisses que la leur. Le « French Paradox » voit ainsi le jour.
Plusieurs théories ont alors été soumises, notamment une portant sur les bénéfices du vin : en 1992, des études tendent en effet à démontrer les effets antioxydants et anti-inflammatoires du resvératrol présents dans le vin. Les chercheurs prônaient alors l’idée qu’une consommation régulière et modérée de vin, associée à une hygiène de vie spécifique, permettrait d’obtenir des effets protecteurs sur le système cardio-vasculaire.
Des études divergentes quant au resvératrol
Mais la curiosité des chercheurs sur le resvératrol ne s’est pas arrêtée là. Une étude a ainsi contrecarré l’idée que le resvératrol viendrait donner au vin des propriétés bénéfiques pour la santé, s’il est bien-sûr consommé avec modération.
La revue Jama Internal Medicine a en effet publié une étude américaine, réalisée sur 783 Italiens de plus de 65 ans habitant de deux villages de Toscane, entre 1998 et 2009. A cette occasion, les équipes se sont attelées à mesurer les niveaux de dérivés de resvératrol contenus dans les urines des participants (il est par ailleurs à noter que ces derniers ne suivant aucun régime alimentaire particulier). Le résultat ? Le resvératrol n’aurait aucun effet miraculeux sur l’espérance de vie : en effet, la durée de vie des participants qui présentaient la plus forte concentration de resvératrol dans les urines était équivalente à celle des participants ayant la moins forte concentration. De même, la présence notable de resvératrol n’a pas non plus été associée à une incidence plus faible de maladies cardiovasculaires.
Attention toutefois, les scientifiques restent partagés sur le sujet. D’autres études viennent conforter l’intérêt d’une supplémentation en resvératrol, à défaut de reconnaître son rôle dans le vin. Ainsi, plus d’une dizaine d’études réalisées se sont accordées pour démontrer que le resvératrol avait un effet bénéfique chez les personnes souffrant de certaines pathologies, comme le diabète, le surpoids ou encore l’hypertension. Ils ont ainsi pu constater une amélioration de la glycémie sanguine, une diminution des taux de cholestérol et de triglycérides ainsi qu’une perte de graisses corporelles.
En conclusion, il n’est pas évident d’avoir un avis tranché sur ce polyphénol, qui semble encore à ce jour rester quelque peu mystérieux… Les scientifiques ont l’air de s’accorder à reconnaître ses vertus, notamment au niveau antioxydant, mais sans toutefois lui donner plus d’importance qu’il n’en a dans le vin.
Un nutritionniste résume sa pensée de la sorte : « La tendance actuelle est de trouver des arguments santé pour des produits alimentaires inutiles à notre équilibre mais qui sont agréables. Arrêtons de chercher des justifications scientifiques à leur consommation ». La solution ne serait-elle alors pas de seulement savourer son verre de vin, encore une fois avec modération, sans pour autant en attendre un quelconque bénéfice sur notre organisme et notre santé ?