Félix d’Hérelle : un autodidacte au service de la science
D’origine franco-canadienne, Félix d’Hérelle est un scientifique aux multiples accomplissements dont la vie fut mouvementée et parsemée de voyages. Celui qui est considéré comme le précurseur de la biologie moléculaire aura marqué l’histoire par son génie, mais aussi par sa relation conflictuelle avec les scientifiques de son époque.
Une jeunesse pleine d’aventures
Félix d’Hérelle, de son vrai nom Hubert Augustin Félix Haerens, a vu le jour le 25 avril 1873 dans la capitale française. Bien qu’aucune information ne soit disponible sur son père, la mère de Félix, Josèphe Haerens, était une rentière et il avait un frère du nom de Daniel Haerens. Le jeune homme effectua sa scolarité à Paris au sein des lycées Carnot et Louis-le-Grand sans toutefois obtenir son baccalauréat. Il s’oriente alors vers l’armée avant de déserter son poste après un an de services.
Félix d’Hérelle se rend dans le Grand Nord blanc à l’âge de 24 ans et se lance dans de nombreuses expériences. Au Québec, il change son nom et s’attèle à la transformation du sirop d’érable en Whisky. Il sera même orpailleur puis gérant d’une fabrique de chocolat en collaboration avec son frère jusqu’en 1901. Le jeune aventurier s’intéresse de plus en plus au secteur médical et apprend la profession de microbiologiste dans un centre hospitalier du Guatemala.
La découverte des bactériophages
Le périple de Félix d’Hérelle le mène au Mexique où il fait la découverte d’une bactérie propre aux sauterelles : le bacille d’entérite. Le jeune biologiste entreprend alors de contrer ces germes à l’aide de la bactériologie. Progressivement, sa renommée se propage. En 1914, il effectue son grand retour dans l’Hexagone et plus précisément dans la section des sérums de l’Institut Pasteur.
Les travaux de Félix d’Hérelle le mènent à la découverte d’un phénomène biologique particulier. Il observe la destruction de certains germes sous la prédation d’autres microbes qu’il désigne par « bactériophages ». Très vite, il fait le lien avec la destruction des virus à l’origine des pathologies infectieuses alors même que la médecine n’avait aucune solution.
Il participe à l’effort de guerre avec l’assistance de sa famille et fournit environ 12 millions de remèdes aux forces alliées. Poursuivant ses recherches, il parvient à guérir le typhus chez les poules par l’action des phages. Il effectue ensuite des tests sur son propre corps avant de guérir la dysenterie chez les enfants en 1919.
De nombreuses missions autour du monde
Quelque temps plus tard, Félix d’Hérelle prend la direction d’un laboratoire consacré à la bactériophagie après une demande de Robert & Carrière. C’est alors le début d’une mésentente entre ce biologiste et les chercheurs de l’Institut Pasteur qu’il finit par quitter en 1925. Il effectue plusieurs missions scientifiques contre le choléra et la peste qui le mène en Égypte, en Indochine ainsi qu’en Inde. Il fonde un institut à Tbilissi en Géorgie avec la collaboration de Georgi Eliava sans pour autant prendre la direction d’un laboratoire. De retour à Paris, il rend son dernier souffle en 1949 après un apport important à la science.
En définitive, la vie de Félix d’Hérelle fut marquée par une quête scientifique perpétuelle. Nominé environ 30 fois au Prix Nobel, son caractère et ses positions ouvertement assumées l’ont empêché d’être honoré de ce titre.